Historique

 

Les débuts de Montevideo

Pour plus de quatre générations de juifs de l’ouest parisien, principalement originaires d’Europe de l’Est, Montevideo n’est pas la capitale de l’Uruguay mais un lieu de culte indépendant, authentique, respectueux de la Loi, des valeurs et  des traditions du judaïsme.

C’est en 1936, après des décennies de pratique de la religion dans des appartements (avenue Malakoff et rue Lalo), que la communauté s’installe dans un ancien hôtel particulier de la rue Théry (renommée en 1928 rue de Montevideo) puis y décide d’en faire une véritable synagogue au numéro 31. 

A partir de cette date et malgré la guerre, la communauté de Montevideo ne cessera de se développer avec l’acquisition d’un immeuble de la rue Dufrénoy réhabilité en centre communautaire (dit Centre Communautaire Edmond Weil – CCEW) au sein duquel s’organise de nombreuses activités sociales (la CASIP, ‘Hevra Kadicha), culturelle (Talmud Torah) et de loisirs (colonies).

Aujourd’hui et au-delà de sa vocation cultuelle, notre communauté a développé une vie communautaire dynamique. La rénovation récente du Centre Communautaire Edmond Weil, offre à tous la possibilité d’organiser, dans d’excellentes conditions, à proximité immédiate de la synagogue, des évènements familiaux (séouda, cheva berakhot, etc.). Notre centre communautaire organise parallèlement de nombreuses activités telles que le Talmud Torah, groupe E.E.I.F., cycles de conférences en propre ou en partenariat, oulpan, expositions, visites, voyages, club de lecture, ciné-club, retransmission d’évènements sportifs, etc.

Ecoutez des extraits de la chorale de la Synagogue de Montevideo datant de 1938 : CLIQUER ICI.

Télécharger le JOURNAL D’ANNETTE LEVY-WILLARD :

A gauche : Rabbin Simon Langer
A droite : Rabbin Jean Schwarz

Les années Gottlieb

 

Rabbin Daniel Gottlieb

Héritier d’une lignée comptant vingt-cinq générations de rabbins, c’est en 1972 que Daniel Gottlieb prend à Montevidéo la succession du rabbin Jean Schwarz, dont il avait déjà eu l’occasion d’assurer l’intérim en 1964, pendant l’année sabbatique de celui-ci en Israël. Il épouse l’année suivante Odylle Aziza, et la maison du couple, grande ouverte à tous, deviendra dès lors le centre convivial de la vie spirituelle de la communauté dont elle illustre bien le nom d’Ohel Avraham, « cette tente que le patriarche avait ouverte sur tous ses côtés pour attirer et accueillir 1 ». Les fidèles de l’époque se souviennent encore de ces « après-midis de Chabbat où, après les cours on pouvait frapper à la porte du 4ème étage, étudier, bavarder, discuter – généralement des problèmes de la communauté, jouer aux échecs 2 »..

Ces années voient une extension considérable de la choule qui, outre les 150 réguliers du Chabbat, compte désormais quelque 700 familles qui gravitent autour de ce qui est devenu la plus importante des rares communautés achkenazes de Paris. Ses relations sont excellentes avec le Consistoire, bien qu’elle ait choisi de ne pas s’y affilier afin de préserver son indépendance. Il en va de même avec l’oratoire installé par Jules Temstet à l’autre bout de la rue Montevidéo, « spin-off » de certains fidèles principalement attachés à un rite sefarade pour l’office. Le souci qui taraude surtout les présidents successifs de l’époque est l’agrandissement de la synagogue, voire l’achat d’un nouvel immeuble…

 

 

Le Kiddouch du Chabbat matin où tout le monde se retrouve après l’office est le point d’orgue de cette vie communautaire chaleureuse, rythmée aussi par le déjeuner de Pourim, celui de l’Action sociale, et bien sûr les repas de Souccot où l’on voit d’ailleurs arriver chaque année dans la Soucca de la rue Dufrénoy les minyanim voisins qui n’en disposent pas. Il y a aussi le cercle d’études qui se retrouve tous les mois chez l’un ou l’autre pour écouter le rabbin Gottlieb, l’oulpane, le Talmud Torah, l’Office des jeunes à Roch Hachanah et à Kippour, en n’oubliant pas pendant les vacances scolaires la « colo » animée par le ‘hazan et directeur des activités Daniel Geissmann avec son épouse ’Hanna, qui ont repris le flambeau du couple Sally et Alice Heidingsfeld connus pour leur étroite collaboration avec le rabbin. Et comment ne pas mentionner le discret Simon Elkaïm, permanent dans tous les sens du terme plutôt que simple chamach, toujours disponible, toujours serviable. L’ACTI héberge également rue Dufrénoy l’école Ariel de Claude Lemmel. Le lien social indispensable se tisse ainsi jour après jour en renforçant la cohésion de la communauté

 

La vitalité de ce cocktail sympathique attire, et nombreux sont ceux qui viennent y chercher des réponses à leur judaïsme incertain. Ils repartent souvent de leur conversation avec le rabbin avec encore plus de questions, mais bien souvent aussi avec le désir d’apprendre, de comprendre, avec un supplément d’âme. Un lien solide vient de se créer, et une nouvelle famille de rejoindre Montevidéo… La communauté a pour immense vertu d’accueillir chacun, de l’accepter comme il est : orthodoxe ou pas, plus ou moins pratiquant, achkenaze, sefarade ou « polonais », marié ou célibataire endurci, homme d’affaires, cadre, fonctionnaire ou exerçant une profession libérale, qu’il soit du 16ème ou d’ailleurs… Chacun progresse à sa convenance, à son rythme, sans ukase et sans exclusive, et amène à sa manière sa pierre à l’édifice, qu’il soit futur grand-rabbin de France ou qu’il offre année après année les étoffes blanches qui recouvrent les pupitres lors des fêtes

Rabbin comme fidèles sont profondément attachés à la terre d’Israël où le judaïsme peut s’accomplir pleinement, et dont l’ambassadeur honore régulièrement la synagogue de sa présence. Parfois le Chabbat, et presque toujours aux fêtes de Tichri. La communauté n’a pas oublié le Roch Hachanah de 1982 pendant lequel, en plein office, dans un contexte de haine antisémite généralisée, la télévision arrive pour interviewer Meïr Rosen au sujet de Sabra et Chatila. Celui-ci refuse d’abord, mais le rabbin Gottlieb lui dit : « Il s’agit d’une situation de Pikoua’h Néfech (danger de mort). C’est pourquoi vous devez vous laisser interviewer pour que l’on sache la vérité3 », et il se fait interviewer avec son talith.  

Quel meilleur résumé de ces trente années heureuses que les paroles du Rabbin Gottlieb lui-même, un an après son aliyah, lors de l’installation de son successeur le Rabbin Milewski  en décembre 2002 : « J’ai tout fait pour conserver à cette communauté son caractère propre, son caractère particulier, sa spécificité indépendante, pour maintenir un climat de sérénité, d’harmonie et de paix ».

1 Jean Bisseliches, ancien président

2 Me Alex Bloch, ‘Haver et ancien président

3 Meïr Rosen, ancien ambassadeur d’Israël